mercredi 3 mai 2017

Nos perceptions du Myanmar en quelques lignes

1- Si tu veux faire du touring en Birmanie, prends donc ton vélo de montagne!
C'est possible de voyager au Myanmar avec un vélo de cyclotourisme, on l'a fait pendant un mois. Mais en Birmanie, soit tu as des routes asphaltées avec trop de trafic, de truck qui boucanent noire dans ta face et de symphonie de klaxons, soit tu as des routes de terres qui ressemblent plus souvent qu'autrement à une trail de quatre-roues, mais qui te font voir plein de petits villages de campagne. Donc, un vélo de montagne serait beaucoup plus approprié pour un voyage disons plus santé! Mais peut-être pas en avril... il fait un peu chaud au soleil dans les champs!

2- En vélo, c'est quand même mieux qu'en bus
A quelques reprises pendant nos dernières semaines, on a pris le bus. Une fois, entre Loikaw et Nay Pyi Daw, on a pris une ride de bus car entre les deux villes, il y a 200 km et on ne voyait pas d'hébergement à mi-chemin. On a fait le trajet de nuit, 8h pour faire 200 km dans un mini-bus, des arrêts de 30 minutes au 50 km pour refroidir les brakes avec le boyau d'arrosage. D'après moi, si le chauffeur avait pas conduit la pédale dans le fond, on aurait peut-être moins eu besoin de ces pauses.... et surtout moins mal au cœur!

Une autre fois, entre Taungû et Nyauglebin (rebaptisée Hémoglobine). On avait pas la défaite de l'hôtel, mais la journée ne se passait pas comme prévue. On devait faire 125 km. Déjà, à 6h30, il faisait environ 28 degrés, le trafic était infernal, on avait le vent dans la face, tout ce qu'on voyait c'était des champs à perte de vue et en plus on respirait la fumée des champs qui brûlaient. Bref, on se faisait chier comme jamais. Après 30 km, on c'est dit que c'en était assez. On a pris le bus et tant qu'à y être, on l'a pris pour faire un 150 km. Ça a pris 7h. Et c'était pas vraiment un bus, mais plutôt une boîte de pick-up. En fait deux boites de  pick-up, car on a évidemment changé de truck à mi-chemin! A un certain moment, on avait tous nos bagages sur nous, car on a mis 8 sacs de 150 kilos de blé d'Inde sur le toit de la boite du pick-up. On devait être 12 entassés les uns sur les autres. C'était l'enfer... les jambes écrasées, les fesses endolories par la route, les barres de métal dans le dos, j'essayais de garder le sourire. Marc qui dit : "Anne, on voit la vraie Birmanie". Pas facile!

3- Rouler sur une autoroute déserte de 20 voies, c'est possible à Nay Pyi Daw
En 2005, le président Ne Win décide de changer la capitale de ville. C'est pas entièrement étrange, ça fait un peu partie de la tradition birmane puisque historiquement, la capitale changeait en fonction du Roi. Ce qui est étrange dans ce cas ci, c'est que Ne Win a littéralement construit une nouvelle ville. Une ville immense, où chaque ministère occupe l'équivalent d'1/2 terre! Les rues ont au moins 6 voies de large. Il y a des hôtels/resort énormes, avec des terrains démesurés. Juste pour vous donner une idée, on a fait 60 km de vélo dans notre journée pour visiter la ville et c'est pas parce qu'il y avait beaucoup de chose à voir, sauf la fameuse autoroute de 20 voies! C'est fou, il y a personne. Pas de touristes, pas de fonctionnaires. Je mens. Il y a des travailleurs qui balaient les routes. C'est propre en maudit Nay Pyi Daw! On se croyait plus en Birmanie!

4- Même si le gouvernement tente de contrôler ce qui est visible aux touristes, les inégalités restent flagrantes
En interdisant l'accès à certaines régions du pays, le gouvernement cherche à cacher une partie de ses conflits internes, notamment avec les musulmans qui sont lentement exterminés dans le nord ouest du pays. Avec ses hôtels réservés aux touristes étrangers et des villes modernes comme Nay Pyi Daw, il veut nous donner une image d'un pays développé où l'on trouve tout ce dont on a besoin. Mais impossible d'occulter la pauvreté de ce peuple. Les charrues tirées par des boeufs sont très fréquentes. Ces mêmes charrues servent parfois à aller chercher l'eau au puit du village. Les rivières et canaux pollués servent de bain. Dans certains villages, l'électricité est tellement peu constante que les gens utilise encore des blocs de glace comme frigo (coupés à la scie dans le milieu de la rue). Quand tu te réveilles à 5h du matin et que tu réalises que les gens de l'hôtel dorment presque enlacés sur le plancher de la réception, tu réalises à quel point t'as de la chance. La chance d'être né dans un pays en paix. Car ce sont les guerres civiles et les gouvernements communistes qui ont ruiné le pays. En lisant un peu sur l'histoire de la Birmanie, on apprend que le pays était prospère il y a une trentaine d'années. Difficile à croire aujourd'hui.

5- Il y a des boutiques de vêtements "mode" tous les coins de rue, mais 95% de la population porte le longyi
Carreauté pour les hommes, à motifs fleuris ou ligné pour les femmes, le longyi est une sorte de jupe longue portée par au moins 95% des Birmans : jeunes, vieux, riches ou pauvres, tout le monde. Même sur les pancartes de zone scolaire les icônes portent le longyi. La jupe, qui est en fait un grand morceau de tissu cousu, s'attache à l'avant pour les hommes et sur le côté chez les femmes. Je ne connais pas la différence sur comment il s'attache pour chacun des sexes, mais visiblement ça semble moins solide chez la gente masculine. Les hommes sont toujours en train de le rattacher... peut-être au fond est-ce une façon de s'aérer le paquet? Car, il parait qu'en campagne, les hommes ne portent pas de sous-vêtement. On a d'ailleurs eu droit à tout une vue en prenant le bateau avec un ivrogne qui cantait un tant soit peu par avant en débarquant!! Il faut savoir aussi que plus on s'éloigne de la ville, plus le longyi raccourci... certains le portent même comme une couche! Le longyi, chez l'homme comme chez la femme, se porte nécessairement avec des gougounes. Il y a juste les touristes en souliers de vélo qui sont assez stupides pour se pencher pour enlever leurs souliers!  

Une autre des traditions qui distinguent la Birmanie de ses pays voisins, c'est la chique de bétel: une feuille de bétel, dans laquelle ont met une noix d'arec avec de la chaux saupoudrer de tabac. Un mélange addictif dont la majorité des hommes et quelques femmes en sont dépendantes. On le voit a leur sourire rouge sang. Pour l'avoir essayé, Marc a bien aimé l'effet un peu étourdissant de la chique, mais l'idée d'avoir a craché le jus rouge un peu n'importe où l'a bien gardé de répéter l'expérience!

6- Un pays à visiter

Même si on ne l'aura pas toujours eu facile, on est très heureux de notre mois passé en Birmanie (1275 km de vélo). C'est un pays magnifique. Chacun des états que nous avons visités offrent une expérience différente, des paysages uniques et partout, des gens souriants, curieux de voir des touristes s'aventurer hors du circuit traditionnel. Le pays semblent se transformer rapidement. Il y a 5 ans, il fallait tout payer en dollars américains et prévoir tout son argent avant de rentrer au pays car les guichets automatiques n'étaient pas encore arrivés. Aujourd'hui, si on est pas rendu à payer avec la carte, on peut au moins retirer un peu partout. C'est difficile de savoir comment les Birmans perçoivent l'avenir de leur pays, on était là juste un mois et on a pas trop appris la langue. Mais on peut vous dire que c'est un pays qui vaut le détour, ne serait-ce que pour vivre la vie simple et sans prétention d'un peuple qui conserve encore ses traditions.

Pour bien cerner une population: la traverse d'écoliers

Marc qui adopte le style.
Le traffic ce matin..

Enfin la campagne!

Bon les fameux ponts de l'arrière pays, ça devrait être mieux en ville.. 

Ok je pense qu'on peut pas avoir pire là!

aah..come on!

On retourne en ville, les vélo attachés avec soins

Oups! petit accrochage.. mais le mécano coûte 4$/hr

De grands espaces!

De grandes Pagodes!
Une montagne qui n'est pas à sa place

Les charmes de Yangon


Un peu moins charmant, et cette odeur..

ah! des durians..

Un bon déjeuner santé

Presque...

SVP Birmanie, un petit effort pour ta crème glacée!

La bétel c'est pas aussi bon.
Le jeu qui se joue en couche

Un haricot magique